Longtemps reine des ondes, la radio FM traverse une zone de turbulences. Chez les 15–35 ans, son audience s’effrite. Pourquoi cette génération, pourtant passionnée de musique et d’infos en continu, tourne-t-elle le bouton ailleurs ? Décryptage d’un changement d’habitudes.
Spotify, Deezer, Apple Music ou YouTube Music ont bouleversé la donne. Fini la programmation imposée : place à des playlists personnalisées par algorithmes et des millions de titres disponibles à tout moment. Pour les jeunes, la radio FM, avec ses titres répétés en boucle et ses pauses publicitaires, paraît soudain bien rigide. En 2023, 62 % des auditeurs réguliers de podcasts en France étaient âgés de 18 à 34 ans, soulignant cette tendance vers une écoute à la demande.
Découvrir un artiste à la radio ? Pas sûr que ce soit encore le premier réflexe. Aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux qui dictent les tendances musicales. Les jeunes n’écoutent plus seulement, ils participent : ils remixent, partagent, créent. Par exemple, des chansons comme « NUMBER1 it » de Giorgio et « Bacon » de Yemi ont gagné en popularité grâce à des vidéos virales sur TikTok. La radio FM, média descendant, leur semble parfois déconnectée de cette dynamique participative.
Le besoin d’instantanéité
Attendre son émission ou son titre préféré n’a plus vraiment de sens à l’ère du « tout, tout de suite ». Podcasts, replays et flux à la demande ont modifié en profondeur les attentes. En 2025, près de 47 % des Français écoutent régulièrement des podcasts, avec une forte représentation des 18–34 ans. Le format linéaire de la FM paraît contraignant face à une génération habituée à cliquer et obtenir immédiatement ce qu’elle veut.
Les radios généralistes sont souvent jugées trop adultes, tandis que les musicales FM (NRJ, Skyrock, Fun Radio) souffrent d’une image parfois trop formatée. La répétition des hits et la publicité omniprésente renforcent l’impression que l’offre est moins adaptée aux jeunes.
La FM gardait un bastion : l’autoradio. Mais avec le smartphone branché en Bluetooth, CarPlay ou Android Auto, la concurrence du streaming et des podcasts s’invite directement dans l’habitacle. En 2023, environ 26 % de l’écoute de la radio chez les jeunes se faisait via des supports numériques tels que les smartphones et les enceintes connectées. Le poste FM n’a plus le monopole de la route.
Une ouverture mondiale
La génération connectée a grandi avec un accès illimité aux musiques du monde entier. Entre webradios spécialisées et playlists internationales, les jeunes ont pris goût à une diversité que la FM peine à égaler.
Enfin, il y a la symbolique : le poste FM, la recherche de fréquence… Tout cela renvoie à un média de leurs parents. Face aux applis intuitives et aux enceintes connectées, la radio souffre d’un déficit de modernité.
En clair, si les 15–35 ans s’éloignent de ce support, ce n’est pas qu’ils se désintéressent de la musique ou de l’info, bien au contraire. Ils veulent une expérience plus personnalisée, interactive, immédiate et mondiale. La radio n’a pas dit son dernier mot. En développant des podcasts, des webradios et des contenus pensés pour le numérique, elle peut encore reconquérir cette génération.