Spotify a récemment franchi un nouveau cap dans la personnalisation musicale avec l’arrivée des Prompted Playlists. Cette fonctionnalité, encore en phase de déploiement progressif, permet aux utilisateurs de créer des playlists simplement… en écrivant quelques mots. Plus besoin de choisir un genre, un artiste ou une ambiance prédéfinie : il suffit désormais de décrire une intention, un état d’esprit ou une situation, et l’intelligence artificielle se charge du reste.

« Une playlist élégante pour un dîner entre amis »,
« Des sons chill et instrumentaux pour se concentrer »,
« Une ambiance électro douce pour la fin de soirée »…

À partir de ces prompts, Spotify mobilise à la fois son immense catalogue, son algorithme de recommandation et l’historique d’écoute de l’utilisateur pour générer une sélection musicale sur mesure. L’enjeu est clair : transformer la musique en service contextuel, capable de s’adapter instantanément aux usages, aux émotions et aux moments de vie.

Avec les Prompted Playlists, Spotify ne se contente plus de recommander : la plateforme invite l’auditeur à dialoguer avec l’algorithme, à orienter consciemment ses choix musicaux, presque comme on le ferait avec un assistant personnel. La promesse est séduisante : une musique plus précise, plus pertinente, plus alignée que jamais avec l’instant présent.

Mais cette avancée soulève aussi une question essentielle : que devient l’expérience d’écoute lorsque tout est formulé, anticipé, optimisé ?

C’est précisément à cet endroit que la comparaison avec les webradios prend tout son sens. Car face à cette hyper-personnalisation pilotée par l’IA, la radio en ligne continue de proposer une approche radicalement différente : moins de contrôle, mais plus de vision ; moins d’optimisation, mais davantage de surprise.

Plutôt qu’une opposition frontale, ces deux modèles dessinent aujourd’hui deux manières complémentaires d’écouter la musique — et de lui donner une place dans nos vies.

Quand la musique répond à vos mots

Les Prompted Playlists incarnent la quintessence de la musique à la demande. Vous ne choisissez plus seulement un genre ou un artiste : vous formulez une intention. “Une playlist chill pour travailler sous la pluie”, “des sons électro élégants pour une fin de soirée”, “des découvertes jazzy mais accessibles”… L’algorithme écoute, analyse, et assemble.

C’est efficace, précis, souvent bluffant. Spotify transforme l’auditeur en chef d’orchestre de sa propre bande-son, avec une musique qui s’adapte à l’instant, à l’humeur, à l’usage. Mais cette musique reste, par nature, centrée sur vous.

La webradio : une vision, pas un miroir

À l’inverse, écouter une webradio, c’est accepter de ne pas tout contrôler. C’est entrer dans un univers pensé par d’autres, guidé par une ligne éditoriale, une sensibilité, parfois une signature sonore immédiatement reconnaissable.

Là où l’IA optimise des préférences, la radio propose une interprétation. Un enchaînement de titres n’est pas seulement cohérent : il raconte quelque chose. Il crée une ambiance globale, une respiration, une continuité que l’on ne formule pas toujours en mots — mais que l’on ressent.

Le luxe de ne pas choisir

Dans un quotidien saturé de décisions, la webradio offre un confort rare : celui de l’écoute sans effort. On lance le flux, et la musique s’installe. Pas de prompt à rédiger, pas de playlist à ajuster, pas de recommandations à corriger. Cette simplicité redonne à l’écoute une dimension plus instinctive, presque contemplative. La radio accompagne. Elle ne sollicite pas en permanence.

La découverte non préméditée

Les playlists personnalisées excellent pour répondre à une attente précise. La radio, elle, excelle dans l’imprévu. Un morceau que l’on n’aurait jamais cherché. Un artiste inconnu qui capte l’attention. Un enchaînement inattendu qui déclenche une émotion.
Cette découverte “par hasard” reste l’un des plaisirs les plus puissants de l’écoute musicale — et l’un des plus difficiles à reproduire par un algorithme, aussi avancé soit-il.

Une expérience plus collective

Même sans animateur à l’antenne, une webradio reste un média habité. Il y a derrière le flux des choix humains, une intention, parfois une communauté d’auditeurs qui partagent le même programme au même moment. Face à l’hyper-individualisation des plateformes, la radio conserve cette dimension subtile mais précieuse : écouter quelque chose qui existe en dehors de soi.

Deux usages, une complémentarité évidente

Les Prompted Playlists de Spotify ne remplacent pas la radio. Elles répondent à un besoin différent. La playlist personnalisée est fonctionnelle, contextuelle, précise. La webradio est éditoriale, immersive, inspirante. L’une accompagne un moment précis. L’autre installe une ambiance durable.