Comme nous le développions dans notre article intitulé « Peut-on encore se fier aux résultats de l’enquête 126 000 Radio de Médiamétrie ? » voici un nouveau « scandale » dont Bruno Guillon, l’animateur de la matinale sur Fun Radio, fait l’objet.

Il est accusé de manipuler et fausser ses audiences par NRJ Group, Next Radio, Skyrock et les Indés Radios qui ont déposé une plainte selon le site www.jeanmarcmorandini.com et demandent à Médiamétrie de stopper immédiatement la vague de mesure en cours qui serait totalement faussée.

Sachant que cette mesure d’audience est réalisée par téléphone tous les jours entre 17h30 et 21h30, Bruno Guillon demande à ses auditeurs, non seulement de répondre systématiquement s’ils sont interrogés par Médiamétrie, mais surtout de mentir sur leur véritable choix d’écoute et leur durée.

Les radios « lésées » estiment donc que la vague de sondage portant sur les mois d’Avril, Mai et Juin 2016 est totalement faussée par cette opération « frauduleuse ». Elles demandent donc la suspension immédiate du sondage et, fait exceptionnel, qu’aucune audience ne soit publiée après le 15 juillet, moment clef où les résultats de ces 3 mois doivent être rendus publics.

Assisterait-on à une bagarre de poissonniers et à une remise en question du modèle d’évaluation des audiences hertziennes ?

Pour autant, pouvons-nous confirmer l’authenticité de l’audience mensuelle des radios digitales françaises calculée par l’APCM (Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias) ? Sachant qu’il est très facile techniquement d’augmenter artificiellement les écoutes actives d’un flux digital, les marchands de lessive risquent d’hésiter avant d’engager leurs budgets publicitaires sur ces supports peu fiables quand à un retour sur investissement.

Il est d’ailleurs très curieux de la part de l’APCM de valoriser l’audience d’une radio digitale sur ses « Ecoutes Actives », sur le même modèle qu’une FM et non pas sur sa « Durée d’Ecoute Moyenne », une pratique plus adaptée à l’écoute du format numérique et qui est plus difficile à générer artificiellement. Selon de nombreuses études publiées par Médiamétrie, l’écoute de la radio digitale est plus étendue sur la journée contrairement à l’écoute de la FM qui se fait principalement lors des déplacements en voiture. Les consommations sont donc totalement différentes et pourtant elles ne sont pas valorisées dans la communication et le rapport concernant le classement des radios françaises les plus diffusées sur Internet.

Sans vouloir colporter de vilaines rumeurs, à la façon de l’animateur d’Europe 1 spécialisé dans le buzz médiatique, on peut se demander légitimement si les quelques adhérents à ce sondage mensuel réalisé par l’APCM, (toutes les radios FM diffusant sur le net n’y adhèrent pas), n’ont pas une certaine influence sur les résultats sachant que le groupe à la panthère et ses marques voisines truste sans partage ce classement sur les fameuses « Ecoutes Actives » depuis sa création en juin 2013 ?

A noter, enfin, que l’APCM mélange étrangement les « Pures Players » (Radios diffusant uniquement sur le net) et les FM diffusant sur le Net dans ses résultats d’écoutes actives en France. Un non sens, puisque la vocation première d’une radio digitale est de s’affranchir des barrières géographiques et de toucher une audience mondiale. Encore un amalgame qui favorise, sans aucun doute, certaines FM nationales !